Lors de votre passage à l’Assemblée législative de la Transition en compagnie du Ministre de la Défense, vous avez dit des choses intéressantes qui ont malheureusement été noyées dans des propos que je trouve inappropriés eu égard au contexte.
Même si une chancellerie étrangère est contre le recrutement des VDP, ça ne se dit pas en public. En le faisant, vous apportez de l’eau au moulin de certains de nos compatriotes qui ruent régulièrement dans les brancards contre une ambassade.
Il y a des Burkinabè qui ne sont pas favorables à l’idée des VDP, ont-ils le même voeu que les terroristes? Je ne le crois pas. Je ne crois pas non plus qu’un ambassadeur digne de ce nom souhaite le malheur du Burkina Faso avec l’avancée des terroristes. Cette chancellerie étrangère a sans doute ses raisons.
Peut-être que vous ne le savez pas: le géniteur des VDP est un officier de gendarmerie, un colonel-major, qui est assis chez lui que vous gagnerez à consulter au-delà de toute considération. Lorsqu’il a présenté le projet des VDP qui s’appellait au départ VDF c’est-à-dire Volontaire pour la défense du Faso, les premiers adversaires du projet étaient des officiers de la chaîne de commandement. Lors d’un Conseil national de défense, le Président Roch Marc Christian Kaboré était obligé de mettre le dossier à coté pour ne pas fâcher certains chefs militaires et même des membres du gouvernement qui émettaient des réserves sur le projet. C’est suite à l’attaque terroriste de Boungou que le Président Kaboré, contre toute attente, a sorti le projet pour le mettre dans son discours et tout s’est accéléré avec l’adoption d’une loi à l’Assemblée nationale. Si donc un diplomate a le même voeu que les terroristes, selon vous, parce qu’il n’est pas favorable au recrutement des VDP, on peut aussi dire qu’au sein de l’armée, les chefs militaires qui étaient opposés à l’idée des VDP ont aussi le même vœu que les terroristes. De même les Burkinabè sincères qui ne partagent pas cette idée des VDP sont dans la même logique que les terroristes.
Je vous prie, Monsieur le ministre, de ne pas donner du grain à moudre à certains qui attendent l’occasion pour faire monter le mercure social. N’oubliez pas que lorsqu’il y a des manifestations, il y a souvent des pêcheurs en eau trouble qui en profitent pour jeter de l’huile sur le feu.
Nous devons mener cette lutte contre le terrorisme dans un climat social apaisé. Ça ne sert à rien d’ouvrir d’autres fronts en étant en conflit permanent avec les voisins et les partenaires. Nous n’y gagnons rien.
Adama Ouédraogo dit Damiss